C’est vous qui le dites...
ou qui nous demandez de le
dire.
Crise agricole : les articles du blog ont déclenché de nombreuses réactions. En voici quelques-unes, rien ne vous empêche de donner aussi
votre sentiment.
« Ce que vous écrivez m'intéresse beaucoup, merci de nous informer.
Le problème est que, ne vivant pas à Aurillac, mais très concernée par le Cantal et la politique agricole, je peine à vous comprendre, tant votre style est plein d'allusions et de seconds degrés.
Je ne me décourage pas, mais j'apprécierais beaucoup si vous faisiez un petit effort. »
Suite
à ce commentaire d’une grande sincérité, cette fois, c’est décidé, plus question de prendre des gants pour dénoncer tout ce qui conduit à l’effondrement de notre département, de sa préfecture
et sa CABA.
À propos de la vidéo de Claude Bourguignon sur la dégradation des sols par l’agriculture conventionnelle ou industrielle.
« Comme tu dis, cette vidéo peut être très utile pour montrer les dérives de l’agriculture productiviste et irraisonnée que j’ai vulgarisée à ma
façon de nombreuses années. J’ai aussi connu à Neuvic les écolos-réacs pour qui cette petite vidéo est du pain béni... Je pense qu’entre les deux il doit être possible de trouver la voie de
la sagesse pour une production capable de nourrir la planète en assurant un revenu décent aux agriculteurs tout en choyant la vie du sol et des animaux. Le problème c’est qu’il manque des normes pour qualifier l’agriculture
raisonnée et faire en sorte que ce terme ne soit pas galvaudé à l’image de l’AOC Cantal..... Il y a beaucoup de travail..... »
« C'est
effectivement très convaincant, mais que fait la police ? ».
« Bonjour et merci encore pour vos articles, maintenant je comprends mieux ma méfiance
envers nos dirigeants politiques...
Claude Bourguignon ferait grand bien à l'agriculture cantalienne, si certains veulent seulement bien entendre parler de l'absurdité du labour...
Si vous aimez la lecture, je vous conseille vivement Masanobu FUKUOKA, un paysan Japonais partisan d'une agriculture naturelle.»
Entendu dans les tribunes
du stade Jacques Mézard, juste avant le coup d’envoi contre Colomiers.
« -dans la vidéo, y-a des choses vraies, on ne peut pas dire le contraire…
mais c’est Bourguignon. Il dit qu’il a quitté l’INRA, il s’est fait virer parce qu’il lui arrivait de dire une chose et son contraire. Il valait mieux qu’il se mette à son compte.
-je me moque de savoir qui est Bourguignon. Ce qui compte c’est la réalité de l’info : il faut arrêter de regarder d’où vient l’info, elle est vraie ou pas… »
« Vraiment excellent et inquiétant (même quand on sait déjà pas mal de choses !). J'ai transmis à mon carnet. »
« Très bien, Bernard l'an dernier je voulais le faire venir à la foire Eco-bio d'Ytrac mais il partait aux USA, je revois cela pour 2016 si les honoraires ne sont pas trop chers ! »
« À communiquer à tous ces aveugles que sont les syndicats agricoles et surtout leurs présidents à la solde de la CHIMIE !! »
Enfumage outrancier dénoncé par la Confédération paysanne du Cantal.
« Après
avoir lu L'Union du Cantal de samedi, difficile de ne pas crier au scandale ! La couverture de la manifestation FNSEA-JA du 3 septembre est un modèle de propagande du groupe Réussir. Aucune allusion à la grogne montante de la
base FNSEA-JA qui a douloureusement compris qu'elle avait été manipulée. Bref, nous nous permettons de suggérer à Testu un article sur cet article "marsien" complètement en décalage avec les reportages
des médias nationaux et bien loin de notre ressenti dans les campagnes. »
Suite à cette invitation, jeu de piste pour trouver l’ « Union ».
Finalement obligation d’aller à la Chambre (d’agriculture) pour acheter le bi-hebdomadaire en circuit court, directement chez l’éditeur. Surprise, il faut donner son nom et son code postal…
Lecture de la page 3 effectivement édifiante.
Bandeau blanc sur fond bleu, pas républicain mais presque : l’évènement.
Première phrase, le ton est donné. L’auteur de l’article, Thierry Michel, rédacteur en chef du groupe de presse agricole conventionnelle, prend les lecteurs pour
des benêts. Il affirme que la manifestation des tracteurs illégaux mais autorisés dans Paris, « a abouti à un nouveau plan d’allègement des charges. » Dans le rôle de directeur de communication
de Xavier Beulin, Thierry Michel se permet d’écrire : « il ne s’agissait pas de demander à nouveaux des aides mais d’inciter le gouvernement à prendre les mesures conjoncturelles et structurelles nécessaires
pour permettre à l’agriculture française de rester compétitive face à ses voisins européens. » On ne demandait pas des aides, on voulait des sous !
Quiconque s’intéresse un peu au monde agricole sait que l’attribution de trois milliards d’aides sur trois ans était déjà décidée… et que la manif n’a
servi strictement à rien. Tout au plus a-t-elle été l’occasion de faire parler les parisiens (à la naïveté désarmante*) et de faire des images pour illustrer des journaux télévisés qui
ont évité d’aller au bout des problèmes.
Pour donner une couleur locale à cet article repris par les « UNIONS »
partout en France, l’Union du Cantal a cru bon de rajouter deux précisions :
-Alain Marleix, parmi une soixantaine de députés de droite et de « gauche »,
est allé à la rencontre des éleveurs chauffeurs de tracteurs… pour resservir le discours ruralicide et beulinesque ?
-histoire de caresser
leurs clients dans le sens de l’endettement, les concessionnaires cantaliens de machines agricoles avaient prêtés des engins, neuf sont cités… y compris celui qui annonçait cet été que l’agriculture
cantalienne se portait bien, c’est vous dire si le groupuscule de professionnels qui tirent les ficelles est peuplé de visionnaires !
Prétendre
jouer sur le marché mondial ça veut dire accepter un effondrement des cours, une production bas de gamme, et compenser par une augmentation des quantités produites (là où c’est possible). Aider l’agriculture
à se moderniser façon Beulin, Sarko, Valls, Le Foll, Calmette, Marleix, Descoeur, Mézard, Delcros, Bénézit ou Piganiol… ça veut dire investir pour produire plus dans des exploitations suréquipées
qui s’agrandiront en mangeant les voisins.
Le Cantal, agricole et rural par nature, est dans le déni. Chez nous les arbres n’ont jamais masqué
la forêt : les beaux tracteurs, les robots de traite, les stabulations-cathédrales de quelques-uns, les usines à pates fromagères bas de gamme ne masqueront jamais la mort programmée de la paysannerie.
La base des adhérents de la FDSEA et les non syndiqués commencent à comprendre ce que la Confédération Paysanne et le SMSA CR 15 répètent depuis
des années.
Globalement, à vouloir pratiquer le culte de la personnalité sans se soucier du fond, à vouloir copier ce qui se bave dans les salons parisiens
ou les bureaux de la FNSEA, nous avons perdu la sens des réalités. La folie des grandeurs des uns, de nature à aveugler le jugement des autres, nous plonge dans le gouffre. La dernière trouvaille pour masquer cette réalité,
le PPP**, ne pourra qu’accélérer le plongeon. Qui pourrait imaginer que quelques équipements « structurants », démesurés ou inutiles, le plus souvent de loisir, pourront masquer encore longtemps
l’effondrement du département ?
*Pour avoir de la qualité il suffit de manger français : raccourci trop souvent mensonger. La qualité
d’une viande ou d’un lait ne dépend pas du lieu d’élevage mais du mode de nourriture. Un cochon breton, élevé aux antibiotiques et aux granulés, mangé à Brest vaut bien moins qu’un
cochon nourri aux glands dans le Sud-Ouest de l’Espagne dégusté dans un bistrot parisien.
**Partenariat Public Privé : quand une collectivité
n’a plus le sou et veut masquer son « surendettement » elle fait appel à un financier privé qui réalise tout équipement à la demande. La collectivité devient locataire du financier, verse
un loyer qui lui coute les yeux de la tête et, à la fin du bail emphytéotique (15, 20, 30 ans ou plus), la collectivité est enfin propriétaire… mais elle a dépensé plus en faisant semblant de s’endetter
moins.