Ne disposant pas de cuves assez grandes, les agriculteurs en sont réduit à épandre le lisier sur la neige
Les jeunes agriculteurs (JA), manifestaient dans les pas et traces de leurs grands anciens de la FNSEA.
Devant la préfecture,
symbole pour eux, de toutes leurs misères, ils ont muré, entassé des ballots de paille ou de foin et répandu divers petits cadeaux. Entre autre, du fumier mêlé à des bâches agricoles, qui en font un "déchet
ultime", non recyclable, non réemployable et devant être traité à part dans la chaine.
On voit là une grande volonté de nuire à l'état,
mais aussi à la société.
Il faut que les jeunes agriculteurs soient bien malheureux, voire désespérés, pour en arriver à de telles extrémités.
Des gens honnêtes, volontaires, travailleurs, amoureux de leur métier, mais qui à force d'engraisser les marchands de tracteurs, d'engrais, d'aliments pour bétail et de produits dits phytosanitaires, voient leurs revenus réduits
à néant et souffrent de travailler pour rien ou presque.
Je suis très triste pour eux.
Mais,
ceux qui les conseillent (en leur faisant cher payer) : les groupements, les pseudo coopératives, les chambres professionnelles, leur syndicat majoritaire, remplissent-ils honnêtement leur rôle ?
Les paysans devraient se poser la question et exiger des comptes.
Sans parler des effets pervers de ce qui semble à priori une bonne idée :
les CUMA.
Quand je lui demandais pourquoi il avait acheté un si gros tracteur, alors que son père faisait tout le travail au volant d’un «70 cv» adapté
aux chemins du pays, un ami agriculteur me répondit : « Il faut la puissance ».
Pourquoi ?
« Mais pour tirer ou faire fonctionner les machines que l’on s’achète en CUMA. En effet, à plusieurs, on peut acquérir
plus facilement des outils, qui ne servent que quelques fois dans l’année. Il sont dimensionnés (à minima) pour le plus gros des associés. De plus en vertu du principe qui peut le plus peut le moins, on prend des bétaillères
énormes, idem pour les épandeurs, les remorques et tout le reste. Seulement, il faut des tracteurs à la hauteur du poids à mener, et en corollaire, on abandonne des parcelles devenues inaccessibles par ces monstres ».
A pleurer !
Le documentaire « Nous Paysans » projeté récemment montre bien l’origine
du mal. après la guerre de 40, il fallait pour le peuple pondre la génération du baby boom et pour les paysans, produire de quoi la nourrir. Alors on les a encouragé à se mécaniser
et s’agrandir.
Ces dispositions ont organisé la destruction de nombreuses petites exploitations, au profit d’entités
toujours plus grandes, avec les résultats que l’on voit poindre aujourd’hui. Des élevages massifs, maltraitants, incapable d’écouler leur production, dans une économie mondialisée.
Des entreprises constituées de part de sociétés, facilement vendable à des capitaux étrangers avec une SAFER qui n’y peut rien et se retrouve à geindre en constatant qu’ici
ou là, des milliers d’hectares de terre arable changent de mains au profit « d’investisseurs ».
Avec un résultat affreux, la mort des
petits paysans qui, sous perfusion souffrent le martyre et triment du matin au soir, pour tout juste survivre et encore. Le monde s’emballe. Aucun garde-fou ne semble résister. La féodalité virée lors de la révolution
fait un retour en force. Les nouveaux seigneurs sont aujourd’hui des groupements, des fonds de pension, des banquiers, qui font de l’argent pour faire de l’argent sans aucun autre but ou sens de réflexion…
Comme disaient les fascistes franquistes des années trente : « Viva la muerte ».
Ou plutôt « Mort
à la vie » !
Serge
Menini