Coitus interruptus ?
Retrait temporaire ou définitif ?
Longtemps j’ai pensé que les abstentionnistes
étaient la lie de la société.
Puisqu’il me faut bien fréquenter bistrots et pseudo réseaux sociaux, en vertu de l’adage acquis auprès de Michel Lemaître « qu’un
localier allergique aux bistrots serait comme un chirurgien qui aurait peur du sang », je m’interroge.
Discutant avec plusieurs pratiquants
(dont certains amis), j’ai entendu : « de toute façon, cela ne changera rien », « nous ne sommes pas écouté», « à quoi bon voter, puisque tous promettent des choses qu’ils ne tiennent pas » (et à ce sujet les socialistes, ont fait fort pour décevoir),«aucun
des candidats ne répond à mes attentes, je ne voterai pas »!
S’ils se rappelaient leurs cours d’instruction civique, ils sauraient que ce sont les élus locaux qui élisent les sénateurs et que
le président du Sénat est le second personnage de l’État, suppléant de l’Élysée.
D’autres disent qu’ils ne veulent pas cautionner un système à bout
de souffle, fonctionnant par et pour lui même, s’obstinant à avancer dans des directions dont on ils croient deviner qu’au bout se trouve un mur.
Ils ne veulent en aucun cas être complice de l’accident.
J’en
soupçonne d’autres, de vouloir une révolution, une purge, un bain de sang, dans lequel seront lavés tous les affronts, toutes les fautes. Épisode sanglant au cours duquel on pourra assassiner son voisin qui ne pense pas comme
soi.
On a déjà vu de ces situations ; il en faut peu pour qu’elles
se reproduisent…
En politique, la position du démissionnaire est dangereuse.
A ne pas choisir entre la peste et le choléra, le risque est grand d'engendrer les deux, « en même temps », comme dit l’autre.
Légitimité ?
S’ils ont assurément la légitimité pour « gouverner », malgré les abstentions, plusieurs candidats ont eu « chaud aux fesses ». La loi prévoit
qu’une victoire avec moins de 25 % des inscrits, oblige à l’épreuve du second tour. A Maurs, à Saint-Paul-des-Landes, à Saint-Flour 2, à Ydes, les vainqueurs se voient obligé d’y retourner, alors,
qu’ils avaient la majorité absolue.
A Vic-sur-Cère l’attelage
Fabre/Delrieu frôle l’humiliation, avec une victoire à 67,5 % mais sur seulement 27,4 % des inscrits. Pas de quoi faire « les malins », pour régner.
Pourquoi ?
Il semble que la principale raison du désintérêt électoral, tient dans l'incapacité des uns et des autres à susciter le désir.
En politique, comme en amour, il faut désirer pour participer.
La droite applique
ses vieilles recettes mécaniques de réseau et de procurations, pour faire le plein de ses voix (qui ne représente pas grand-chose, sinon la majorité des votants).
La gauche voudrait faire de même, mais son morcellement ne lui permet pas d’exister.
Aucun candidat ne fait rêver le peuple. Aucun ne transcende ses idées. Aucun ne donne espoir dans un grand projet commun. Il règne un climat mortifère
un sentiment d’abandon, une "débandade" au propre et au figuré.
Pourtant,
en France, tout ne va pas si mal. Les millions de bénévoles et de citoyens engagés dans une association ou une autre, prouvent les ressources existantes. La démocratie est bien réelle (qui permet notamment à des magazines
comme Testu de s’exprimer) et aux habitants de penser et dire ce qu’ils veulent, sans être soumis à un dogme (politique ou religieux).
La laïcité nous protège, les aides sociales et la sécu nous permettent de vivre dignement et d’amortir l’effet des crises financières.
Par le désir de rester en place et d’exercer un pouvoir de pacotille, tout en palpant
de réels émoluments, de petits hommes et femmes préparent le terrain pour une « terreur » inéluctable. Faudrait-il changer la loi pour qu’à un seuil (par exemple de plus de 60 % de votes
blancs), tous les candidats se voient recalés et remplacés obligatoirement par de nouvelles têtes, venues de la société civile et pas de la caste politique cooptée ?
Aucune
chance ! Qui vote les lois ? Hein, qui les vote ?
Serge Menini