"Bastia... ou Aurillac sans le Cristal."
A Bastia, les responsables ont su préserver leurs places pour accueillir les nombreux rassemblements citoyens du "peuple" corse et respecter le patrimoine. Cliquez pour agrandir.
« Le Cantal… ou la Corse sans les bombes ». 20 ans déjà.
Pari fou du printemps dernier : sur proposition de Jean-Claude Muet, proche mais non adhérent d’ « AGIR », fêter les 20 ans de l’article de Thierry Desjardins. Enthousiasme : on fera ci,
on fera ça. Interrogations : il ne faudrait pas que… qu’est-ce qu’on fera si ? Objectif fixé collectivement, nous sommes allés au bout, pari gagné le 3 septembre. Les soixante dix citoyens, pour beaucoup
amis de Testu, qui s’étaient engagés à participer, ont tenu parole malgré l’imprévu de dernière minute : absence de Thierry Desjardins pour raison de santé.
15 heures, discussion avec un élu qui se reconnaitra : « au cours d’un repas au restaurant, je m’étais retrouvé
à coté d’un touriste qui semblait parfaitement maitriser les tours et les contours de notre petit Cantal. Il prêchait le faux pour savoir le vrai : c’était Thierry Desjardins en fin de séjour d’enquête ! ».
15 heures 20, début de quatre heures de vrai débat dans l’Espace des Carmes, juste au bas de l’escalier qui monte
à la salle de réunion du « Conseil Communautaire », temple des monologues de l’ex-empereur de théâtre de rue, par ailleurs sénateur-président de la CABA, Jacques Mézard lui-même.
Ressenti et points forts.
1ère partie,
rappel du contexte de la parution de l’article. Patrick Le Cellier, conférencier, blogueur sur le site de Médiapart, donne lecture des paragraphes essentiels de l’article. Plongée dans un passé qui rappelle étrangement
le présent. Les témoins de l’époque confirment : les informations venues de tout le département avaient rendu furieux certains élus qui n’en croyaient pas leurs yeux pour deux raisons. Comment des dossiers
supposés bien à l’abri dans les tiroirs cantaliens avaient-ils fuité vers ce journaliste parisien ? Comment ce même journaliste parisien avait-il eu vent d’embrouilles dont, eux-mêmes, ignoraient l’existence ?
Nier les faits… et tomber dans le ridicule ? Détourner les regards en lançant la chasse aux « coupables » d’avoir révélé
la vérité, la chasse aux lanceurs d’alerte dirait-on aujourd’hui ? Tous avaient bien remarqué que l’ « Auvergnat de Paris », animé par Gérard Joulia, était souvent
en pointe en matière de scoops mais de là à imaginer que, preuves à l’appui, ce périodique alimenté par une poignée de correspondants bénévoles pouvait mettre au grand jour les combines de
la FDSEA pour contrôler le département, il y avait un pas qu’il fallait… franchir, c’était l’évidence. Pour Michel Teyssédou, ex-président national des Jeunes Agriculteurs (futurs soldats de
la FNSEA), « grand homme de la profession agricole locale», devenu maire de Parlan depuis, crise d’acouphènes déclenchés par sifflements persistants fin aout 1996.
Dans une première synthèse, Patrick Le Cellier note que rien n’a été sérieusement contesté et que les intervenants ont souvent laissé entendre que rien, ou pas grand-chose, n’a
changé depuis.
2ème partie, après un quart d’heure de détente, où en est-on
aujourd’hui ?
Ceux qui ont effleuré le sujet pendant la première partie ou se retiennent depuis une bonne heure vont se lâcher.
Caste politique, Jacques Mézard fait l’unanimité : marionnettiste* en chef, il est présent dans tous les coups. Résultat, un club sclérosé de décideurs où
l’important est de donner un petit bout de gâteau à chacun dans l’unique objectif d’obtenir un consensus de façade.
Chambres consulaires. Christian
Vabret verrouille le monde artisanal depuis des décennies, la CCI est sous la coupe d’un octogénaire. Dans la profession agricole, s’il n’y a plus de personnage de la dimension d’un Michel Teyssédou, la main mise
de la FDSEA et de ses JA fait toujours autant de ravages. Michel Lacoste, industriel en production électrique et laitière n’en manque pas une mais son aura est plus limitée car ses congénères ont compris qu’il
roule d’abord pour lui. En 2015, Chantal Cor se réjouissait d’avoir retrouvé la liberté de produire (du lait). Comment pouvait-elle ne pas avoir conscience que cette victoire était une victoire à la Pyrrhus avec
son cortège de drames et de disparitions dans une campagne cantalienne de plus en plus désertifiée ?
La (trop) longue liste de ce qui ne marche pas finit par
déranger certain(e)s participant(e)s qui le font savoir. Invité à parler de l’école pour mettre un peu de baume au cœur, Pierre Amiral reconnaît que le taux d’encadrement des élèves est globalement
confortable que les communes, même si la fermeture de l’école de Marmiers est une faute, ont fait des efforts pour bien accueillir les enfants. Mais, en élargissant son propos sur l’organisation territoriale, il se voit acculé
à conclure par une formule qui résume bien la teneur des débats : « Le Cantal est foutu »… Rires et sourires dans la salle.
Dans
sa synthèse Patrick Le Cellier constate que décidément, rien ou pas grand-chose n’a changé et souligne que la dérive du système coopératif et mutualiste est largement responsable de la situation. Sur le
papier, de même que les agriculteurs gèrent leurs multiples coopératives, les sociétaires du Crédit Agricole, du Crédit Mutuel… sont propriétaires de leur banque. En réalité le monde agricole
et tout le système bancaire sont aux mains de la finance internationale. Le Cantal n’échappe pas à la règle. Ce dossier mériterait un débat spécifique ( à une autre occasion avec les amis de Testu ?)
Pour un aperçu plus détaillé des débats, cliquez sur « 20 ans déjà », en haut à
gauche de cette page.
19 heures 30. Pendant l’apéritif particulièrement mérité, Jean Claude Muet
invite les participants à signer une copie de l’article de Thierry Desjardins pour l’envoyer à son auteur… en attendant son rétablissement et son passage dans le Cantal pour recevoir, en récompense de son coup
de pied dans la fourmilière cantalienne, le premier grand prix de l’Académie Gerbert.
Un peu plus tard : buffet
froid et ultra convivial organisé par les ami(e)s de Testu qui se termine dans la très bonne humeur, rangement collectif de la salle assuré dans les meilleures conditions.
Depuis tous les commentaires sont du même tonneau. La commémoration de l’article de Thierry Desjardins a été l’occasion d’une très belle rencontre citoyenne où chacun s’est
senti totalement libre d’intervenir en réunion générale de s'exprimer à sa table pendant le repas.
*Certains font remarquer
que sans marionnettes un marionnettiste ne peut pas faire le spectacle. N'ont-ils pas raison ?