Prenons un temps d’avance et restons optimistes malgré la douleur qui frappe autour de nous. Services publics, médecine libérale, scientifiques
et citoyens du monde finiront par vaincre le virus : pourra-t-on pour autant crier victoire ?
Crise de 2008, les gouvernants ont sauvé
la finance internationale, depuis les injustices ont explosé comme jamais...
Passé ce printemps, allons-nous regarder passivement les politiques
s’étriper sur le thème « c’est pas moi, c’est lui » ou dire non à la communication permanente, anesthésiant universel inventé contre les peuples par la volonté du fric ?
Dans cette ambiance pour le moins morose, un retour sur les municipales peut paraître dérisoire mais puisque nous en avons le temps autant en profiter
pour prendre un peu de recul et penser à la vie publique qu’il faudra relancer au plus vite après la sortie de pandémie.
Municipales dans le Cantal
Le 15 mars, en prenant les précautions d’usage face à l’invisible ennemi, les cantalous ont voté : 65% de participation contre
44% au niveau national. Dans plus de 90% des communes les jeux sont faits avec l’attribution de la totalité ou de la majorité absolue des sièges. Très largement les sortants l’ont emporté, trop souvent ils
étaient seuls en lice… les électeurs n’ont, globalement, pas manifesté un réel désir de changement.
Les
marcheurs tombés du ciel en 2017 n’ont pas réussi à enclencher la seconde : accélérer et freiner en même temps, ça ne fait pas avancer. La « Droite » bien installée
aux manettes du département et de la Chambre d’Agriculture, par délégation de pouvoir à la FDSEA, n’a pas fait plus de miracle que ce qu’il reste de la « Gauche » mère porteuse jugée
peu crédible pour avoir enfanté le Jupiter du double jeu permanent.
Quelques résultats méritent une plus grande attention, à chacun son avis.
Arpajon sur Cère.
Victoire de la droite surprenante et cependant logique pour ne pas dire
salutaire même si elle confirme le conservatisme de l’électorat cantalien. Dénoncée par Testu depuis plus de 10 ans, petite histoire du cabinet politicard de la CABA.
2014. Suite à de savantes tractations à la CABA pour l’attribution des bons plaçous, le duo Roger Destannes/Jacques Mézard adoube Michel Roussy pour « conserver »
à « gauche » la mairie d’Arpajon. « Victoire » : Michel Roussy, 50, 23%, Chantal Mazières 17,85% ; total dit de gauche : 68,08 %.
2017. Sur ordre de Jacques Mézard, Michel Roussy se retrouve président de la CABA le 26 juin, la goutte d’eau qui fait péter le bocal. Michel Roussy prend les rênes
avec, comme Directeur des services celui qui était jusque là Directeur des services financiers et des marchés publics, Serge Destannes (le fils à Roger). Méthode de gestion ultra simple : le pouvoir est dans le secret,
faire le maximum en (tout) petit comité, dire le minimum au petit peuple… Chez les 69 autres conseillers de la CABA, traumatisés par le sort réservé à Thierry Galeau en son temps, pas de rébellion : en
conseil communautaire, on dit « amen ».
2019. Illustration de la méthode en Conseil communautaire le 11
février.
Un technicien présente le projet Esban II. Quand il veut donner le prix de revient du mètre carré, il se fait taper
sur les doigts. Extraits dialogue :
Le technicien : «…18, 5 millions d’investissements. Le prix moyen de
cession des terrains »…
Michel Roussy : « Non, Jean Noël, je vous interromps...passons sur ces
points là… sinon nous risquons de mettre les choses dans le désordre ». Traduction : si on parle prix du mètre carré ça va être le bordel.
Le technicien : « je ne développe donc pas la partie investissements… » Quelques murmures sur les lèvres. J.A. Moins dit qu’il aimerait savoir. Aucune
information n’est donnée. Le projet Esban II est cependant adopté à l’unanimité.
2020.
Impérial à la CABA Michel Roussy ne s’était pas abaissé à jouer la transparence dans « sa » mairie, à se mettre à la hauteur des citoyens… qui ont sagement attendu le 15 mars
pour lui dire « on a compris, tu n’es pas de notre monde ». Isabelle Lantuejoul (61 %) a balayé Michel Roussy (39%), les partis dits de gauche sont passés de 68,8 % à 39% : merci Jacques Mézard devenu
marcheur vers la Droite à Aurillac !
Ce que les conseillers communautaires n’ont pas fait à la CABA, par aveuglement, lâcheté
ou calcul personnel et pécuniaire, les électeurs d’Arpajon l’ont fait, merci à eux… même si la victoire de la ligne Républicaine (façon Wauquiez ?), n’est guère porteuse d’espoir
pour l’avenir.
Aurillac.
Rendez-vous compliqués
avec l’association « AGIR ».
Comme en 2014, nous avions prévu de rencontrer les 3 têtes de liste. Malgré plusieurs contacts dont un en face à face devant l’entrée du marché couvert d’Aurillac, Catherine
Amalric n’a jamais accepté de caler un rendez-vous. Vous pouvez en penser ce que vous voulez. Nous, on en pense pas moins… même si, depuis le 15 mars au soir, elle, ne pense qu’à Moins !
Pierre Mathonier s’est prêté normalement au jeu des questions. Tout en critiquant le fonctionnement cadenassé de la CABA
depuis au moins 10 ans, il assume les décisions prises par ses prédécesseurs et posera sa candidature à la présidence s’il est élu maire d’Aurillac.
Primauté aux enjeux de pouvoir avec Jean Antoine Moins. Remarque préalable très négative à mon encontre à propos du soutien à la FDSEA : je dénonce,
Jean Antoine Moins justifie. Il affirme que le maire d’Aurillac doit être président de la CABA, mais si Pierre Mathonier l’emporte, il se refusera à voter pour lui car c’est un mauvais maire parce qu'il est menteur
(celui qui le dit qui l’est ?).
Le
détail des engagements pris sera éventuellement diffusé quand le 2ème tour sera organisé.
Campagne :
1) Plus vert que
moi tu meurs !
Le concours
du « plus vert » reprendra certainement pour le 2ème tour, avec le risque de tomber dans le ridicule ? Avec « bon sens », reconstituer la « forêt en ville » :
c’est largement aussi stupide que de vouloir construire les villes à la campagne. Planter des arbres pour faire d’Aurillac une « ville nature » et pas une ville dans un écrin nature : concrètement,
on construit des parkings en supprimant le béton, le goudron, la bagnole ? Comment éduquer les enfants à une alimentation saine, à la bonne cuisine en gardant des cuisines centrales ? Passons, l’écologie
n’est plus une mode, elle est présente partout dans les discours ; aux associations de faire pression pour qu’elle rentre effectivement dans le quotidien en restant crédible : faire comme si l’agriculture n’existait
pas et imaginer que des maraichers et des éleveurs de volailles vont nourrir la ville relève du fantasme.
2) Plus sale et violent qu’Aurillac, y a pas !
En fin de campagne,
comme par hasard, un éclairage national est venu ternir l’image de la ville. C’est drôle un éclairage qui assombrit. Qui a bien pu avoir assez d’influence à Paris pour demander au Figaro de missionner une
« journaliste » chargée de détruire la réputation de la ville et nuire au bilan du maire sortant ? Le ou la « coupable » à la base de cet enfumage est certainement trop en dessous
pour dire « c’est moi qui l’ai voulu ». Une chose est certaine, les aurillacois et aurillacoises n’ont pas aimé du tout cette caricature malveillante
Résultats et perspectives.
Pierre Mathonier, 48,1% ; Jean Antoine Moins, 42,4% ; Catherine Amalric, 9,7 %. Pour les trois têtes de liste, rien n’est fait ; c’est réglé pensent de très nombreux
citoyens. Pourquoi un tel écart d’appréciation ?
Trois « états majors ». Un multicolore
avec un nuancier du rouge à l’orange en passant par le rose passé. Un bleu dur mal occulté par un slogan passe partout (mon parti, c’est la ville d’Aurillac). Un incolore sans éclat aucun.
Pour espérer l’emporter au 2ème tour, Jean Antoine Moins, droite dure, façon Fillon et ses 500 000 fonctionnaires à éliminer,
devra récupérer les voix qui se sont portées sur Catherine Amalric, représentante de la République en Marche empêtrée dans la réforme des retraites et bien d’autres soucis liés à l’absence
de culture politique d’une grande partie de ses « cadres ». Autre point qui n’est négligeable, il faudra expliquer à l’électeur que
a) pendant 5 ans et demi Catherine Amalric n’était guère fréquentable puisqu’elle était dans l’équipe du mauvais maire.
b) depuis 6 mois, elle est formidable et s’associer avec elle ne pose aucun problème.
c) ce changement de point de vue n’est pas un retournement de veste mais la marque d’une volonté de travailler pour la ville.
Jean
Antoine Moins et Catherine Amalric ont des visées nationales pour l’un, européennes pour l’autre. Ne pas l’emporter ferait mauvais genre.
Pierre Mathonier, expert comptable, sait faire une addition : 42 + 9 = 51 et donc le 2ème tour n’est pas gagné d’avance.
Nos trois têtes de listes savent donc que rien n’est joué.
Les électeurs n’aiment pas entrer dans
toutes ces considérations. Moins annonçait qu’il gagnerait, il est à 6% de Mathonier : comme en 2014 et avant, avec ses prédécesseurs, ce n’est pas lui qui fera gagner la Droite à Aurillac.
Si le virus est vaincu, suite du feuilleton dans quelques mois, la bataille sera rude !
Vic sur Cère et Riom es Montagnes.
Ces deux communes faisaient partie des objectifs de la Droite cantalienne, Bruno Faure l’avait annoncé.
Vic : match nul, résultat tout à fait extraordinaire. Le conseil départemental pensait avoir missionné une pointure : Madame Tourtoulou-Delrieu, conseillère départementale.
Il faudra repasser : être élue sur un canton en 2015, en tandem avec Philippe Fabre, sortant plus que bien implanté et mener une liste avec un projet bien ficelé, ce n’est pas tout à fait le même enjeu. Dominique
Bru élue à la surprise générale en 2014 a plus que bien résisté, 2ème tour passionnant en perspective.
Victoire du sortant à Riom : ses adversaires avaient bâti leur campagne sur le thème « Boisset est gentil, il parle à tout le monde mais ils n’ont rien fait ! ». Les citoyens
ont parlé et rejeté ceux qui avaient osé baptiser leur liste « Compétence et projets », laissant entendre que les sortants… Un tel mépris de l’adversaire qui a fait ses preuves six ans plus
tôt et pendant toute la mandature relevait du mépris et méritait une sanction, c’est fait. Les « experts » riomois pourront continuer leur apprentissage de l’humilité six ans de plus.
B.B.
"Neussargues en Pinatelle : l’audace ça eut payé mais ça ne paye plus pour Bernard Delcros.
Pour créer la nouvelle grande commune Neussargues en Pinatelle, Bernard Delcros avait beaucoup sacrifié mais espérait jouer les « grands maires » à la communauté de communes
des Hautes Terres et rester maître sur « ses » terres de Chalinargues où, officiellement, il n’était plus que « maire délégué ». Rappelez-vous le feuilleton rocambolesque
de la délocalisation interdite du mariage de l’ex secrétaire de mairie.
Pour ces municipales, inutile de dire que Bernard Delcros
a joué au Sénateur en campagne.
Réussite à Murat. Une plaquette dithyrambique et des arguments à couper le souffle,
« les soignants ont autre chose à faire que de la politique »*, ont débouché sur une belle réussite de son poulain : victoire dès le premier tour malgré la présence de trois listes.
Echec retentissant dans son fief de Neussargues en Pinatelle. Il s’était pourtant démené pour monter une liste béton autour de Ghyslaine
Pradel et de lui-même, considérant que la présence d’un sénateur sur une liste aux municipales serait une garantie de réussite. Quand la sortante, se pensant gagnante à rester indépendante, déclina
l’offre qui se voulait alléchante, le cafouillage sénatorial** déclencha la démarche d’un groupe qui en quelques semaines monta une liste dynamique et un projet cohérent pour l’emporter, Michel Porteneuve
en tête, la mariée de l’an 2017 en quatrième position.
* La première liste à s'être présentée
était menée par une dentiste et comportait plusieurs soignants dans ses rangs. Le Covid 19 démontre, hélas, que le pays n'irait peut-être pas plus mal si les soignants étaient un peu mieux pris en considération.
** Quand il a senti que le vent tournait sur les Hautes Terres, Bernard Delcros à invoqué une interdiction légale de se présenter
pour retirer ses billes à Neussargues, pendant que Josiane Costes se présentait à Aurillac...
Retombées pour les parlementaires.
Les parlementaires locaux s’appliquent à rester au fond du trou ou à crier victoire à propos
de stupidités, type le 90 dans les zigzags départementaux et le 80 sur les lignes droites nationales. Sur l’épisode municipales, Vincent Descoeur est resté très discret, son candidat aurillacois ayant
décidé de faire campagne en cachant son étiquette de Républicain à Droite toute. Jean Yves Bony a fait très fort à Ally : il s’est déclaré « chef de file »
mais pas candidat au poste de maire. Tous les deux, dans un département qui veut bouger sur place sans marcher, ne devraient être impactés par ces élections. Pour le couple de sénateurs, c’est une autre paire de manches.
Josiane Costes a cherché le bâton pour se faire battre, elle l’a trouvé ! Elle intègre la liste
de la marcheuse Catherine Amalric pour faire plaisir à Jacques Mézard mais, ce faisant, elle contrarie Alain Calmette qui l’avait fait élire au Conseil départemental. Deuxième averse : avec le score de la liste
sans « bon sens » elle se retrouve exclue du jeu municipal. La prochaine élection sénatoriale sera difficile…
Bernard
Delcros, pour cause de non cumul ou peur de perdre aux municipales, présentera une carte de visite bien timide à la future sénatoriale. En 2015, il était maire, président de communauté de communes, vice président
du Conseil départemental, vice-président du Parc des Volcans, Président de Logisens (Cantal Habitat)… en 2020, le voilà simple conseiller départemental, même pas conseiller municipal et normalement exclu
de cette même communauté où il n’aura pas laissé que de bons souvenirs. Son audace et sa présence médiatique avaient attiré les communes de Condat, Montboudif, Chanterelle et Saint Bonnet de Condat
: dès qu’ils ont pu vivre la réalité de l’intérieur, les quatre maires concernés ont compris qu’ils étaient tombés dans un piège et ont demandé à le quitter, le piège
communautaire et sénatorial à la fois.
Son étiquette
politique, Union Centriste, un pas en avant, un pas en arrière, marcher de gauche à droite, risque de ne pas lui être d’un grand secours : là aussi, la réalité des marcheurs au pouvoir n’est pas éblouissante
et pour assumer, il faudra se lever de bonne heure.
B.B.