Merci aux trois candidats
d'avoir
pris le temps de vous informer...
Les amis de Testu ne pouvaient pas rester de marbre pendant cette campagne. Avec le seul souci de vous informer, nous avons décidé
de préparer un questionnaire qui a été adressé à tous les candidats de la 1ère circonscription et à la quasi totalité des candidats de la 2ème.
A ce jour, seuls Rémy Dauvillier, pour Lutte ouvrière, François Vermande, divers droite et Thierry Bonhoure, Insoumis, tous les trois candidats sur la 1ère circonscription, ont répondu.
Les questions ont été rédigées par un groupe de 6 adhérents, en toute indépendance en particulier par rapport à Thierry Bonhoure, habituellement
membre des « Amis de testu ».
Pourquoi les autres candidats n'ont pas (encore) répondu ? Oubli ? Paresse ? Négligence ? Embarras ?
Mépris ? Allez savoir, il n'est jamais trop tard pour bien faire, toute réponse qui parviendrait avant vendredi 9 juin midi serait publiée le vendredi après-midi.
Les réponses de François Vermande (FV) et de Thierry Bonhoure (TB) sont intégralement reportées après rappel de chaque question. Le texte de Rémy Dauvillier est publié à la suite.
Dans son mail, François Vermande avait tenu à nous remercier pour cette initiative.
1)
Le député. Son rôle premier :
FV : le rôle de législateur doit servir celui
de représentant du territoire.
TB : le député est un élu de la Nation, dont le
rôle premier est de voter les lois, au service de l'intérêt général. Pour évaluer cet intérêt général, il s'appuie évidemment sur son vécu dans le territoire où vivent
les citoyens qui l'ont élu : sa circonscription.
2) Implication dossiers locaux : pourquoi les élus
locaux considèrent que se faire accompagner dans les ministères est si important ?
FV : l’Etat n’est pas impartial. La loi de décentralisation dessert les départements ruraux ; et, pour obtenir un financement, la proximité avec les hauts fonctionnaires
ET surtout le VOLONTARISME DU DEPUTE sont aussi déterminants que la qualité du dossier présenté.
TB : La réalité peut être un mélange de deux propositions : certaines lois, dont beaucoup sont des transcriptions de règles européennes, ne sont pas adaptées à
la réalité ; les ministres et les hauts fonctionnaires sont aussi des hommes et des femmes qui peuvent être sensibles à une argumentation bien étayée sur les réalités locales, ce qui peut expliquer
le besoin d'interventions dans les ministères.
3) Quelle serait votre priorité dans l’élaboration d’un statut de l’élu ?
FV : la garantie de retrouver son emploi après son mandat pour permettre à toutes les catégories sociales de se présenter
sans risques.
TB : Donner à tout citoyen la possibilité de s'engager en politique sans craindre pour son avenir.
Actuellement, les fonctionnaires sont les seuls salariés qui peuvent le faire, et se mêler aux chefs d'entreprises, professions libérales et indépendants. Cela explique certainement le très faible nombre d'ouvriers et d'employés
à l'Assemblée Nationale et n'exclut pas de fixer des règles claires de rémunération et d'emploi des collaborateurs.
4
) Votre point de vue sur le cumul des mandats, en nombre et dans le temps ?
FV : interdiction, comme actuellement,
de cumuler tout mandat parlementaire avec un poste d’élu dans un exécutif local et limitation à 2 mandats consécutifs.
TB : interdiction, comme actuellement, de cumuler tout mandat parlementaire avec un poste d’élu dans un exécutif local et limitation à 2 mandats consécutifs.
(même réponse mais promis juré, FV et TB ne se sont pas concertés).
5 ) Réserve parlementaire :
FV : la supprimer : pourquoi ? la somme de 90 millions d’euros serait versée aux 15 départements dont la population est inférieure
à 250 000 habitants.
TB : à supprimer d'urgence, c'est un pur outil de clientélisme.
5) Loyauté : en cas de points de vue divergents, le plus important c’est la loyauté
vis-à-vis :
FV : des électeurs qui vous ont élu.
TB : la loyauté ultime doit aller aux électeurs, au nom de l'intérêt général.
6) Loi travail :
FV : il faut l’aménager dans le sens où le travail doit être au centre des relations sociales et d’une économie « humaine ».
TB : cette loi doit être abrogée, pour rétablir la hiérarchie des normes : le code du travail doit fixer
des règles générales, comme tous les autres codes. Les conventions collectives et accords d'entreprise ne doivent pouvoir qu'améliorer ces règles. Dans tous les autres domaines, la loi est supérieure au contrat.
7) Agriculture :
FV : c’est une activité économique singulière, nourricière au service des hommes et de l’environnement, à condition que le travail agricole soit
dignement rémunéré, que les prix soient stabilisés et régulés en fonction de facteurs comme l’inflation et que les circuits courts arrivent à convaincre le consommateur de son intérêt à
acheter « local ».Enfin que les conditions de la transition écologique favorisent la transformation près de la production pour limiter les transports aberrants.
TB : c’est une activité économique dont le caractère singulier justifie un pacte particulier entre la société et les agriculteurs qui doit se nouer au
service de l'intérêt général humain : bien nous nourrir tout en préservant l'environnement.
8)Représentativité du monde agricole :
FV :
actuellement, la FNSEA est un état dans l’Etat. Pour remédier à cette situation, il faut : stopper la « cogestion FNSEA/Gouvernement ».Non aux monopoles !
TB : actuellement, la FNSEA est un état dans l’Etat. Pour remédier à cette situation, il faut :
stopper la « cogestion FNSEA/Gouvernement »
intégrer la protection sociale agricole à la Sécurité sociale,
à la CAF…pour tenir compte de la réalité déjà en cours qui voit le régime général des salariés, mais aussi les fonctionnaires à travers les cotisations prélevées par
l'Etat, combler le déficit chronique de la MSA ;
introduire enfin la démocratie à tous les niveaux des organismes agricoles, par l'application d'une représentation
syndicale agricole systématiquement proportionnelle, en fonction des résultats des élections à la MSA.
9)
La politique, un métier ?
FV :
non, les raisons : ce doit être un service à la population, rémunéré raisonnablement, dans le cadre d’une justice s’appliquant tant sur le montant des indemnités que sur celui des retraites.
De nombreux privilèges sont à supprimer !
TB : non, c'est une fonction et une responsabilité qui
doivent pouvoir être remplies temporairement par toute personne qui le souhaite. Le carriérisme en politique fait partie des causes principales du malaise démocratique existant en France. Beaucoup de responsables ne pensent qu'à
être réélus plutôt qu'à assumer au mieux leurs responsabilités. La carrière politique coupe aussi les responsables de la vraie vie vécue par l'ensemble des citoyens.
10) Protection sociale :
FV : une obligation par respect de la dignité.
TB : C'est tout simplement une des principales
avancées de la vie en société : permettre à tous de vivre une vie digne en cotisant selon ses moyens et en recevant selon ses besoins. Et c'est aussi beaucoup plus efficace économiquement que les assurances privées,
plus chères en frais de gestion (publicité et rémunération des actionnaires …) et la protection sociale doit permettre de mener des politiques de prévention pour agir sur les causes plutôt que seulement soigner
les dégâts.
11)Millefeuille administratif : communes, communautés de communes ou d’agglos, pays, départements, régions, Etat, Europe…
FV :
il faut supprimer le Pays dont les citoyens ne connaissent rien ni la constitution, ni le rôle. Il faut faire un bilan de ce qui a été détruit par les multiples réformes territoriales, arrêter d’empiler les réformes
qui parfois s’opposent et compliquent la vie économique, sociale et administrative de nos compatriotes.
TB : besoin
évident de rationalisation : dire qui fait quoi, ce qui ne signifie pas forcément la suppression d'un étage, et surtout pas des échelons de proximité que constituent les communes et les départements. D'accord
donc pour supprimer la clause de compétence générale, et pour limiter les subventions entre collectivités à certains sujets déterminés par la loi, pour éviter les phénomènes de petite « cour »
autour des élus locaux qui gèrent des budgets importants (conseils régionaux et départementaux, métropoles, communautés d'agglomération …)
12) Application égale de la loi : trop souvent sujette à interprétation et donc porteuse d’inégalité ? Que faire contre l’empilage des lois sur un même sujet ?
FV : Lors de l’élaboration d’une loi, veiller à supprimer celles qui peuvent gêner l’application
de la nouvelle loi et assurer les décrets d’application dans les 12 mois qui suivent.
TB : tout texte sera toujours
sujet à interprétation. Ce sont les textes qui se veulent trop détaillés qui posent souvent problèmes car ils se retrouvent souvent obsolètes rapidement. Il faut donc que l'assemblée s'astreigne à obtenir
du gouvernement des textes plus courts et comportant moins d'exceptions.
13)Economies budgétaires : dans quels domaines, vous paraissent-elles obligatoires ?
FV : Economies autres que budgétaires : Suppression du CESE qui coûte 41 millions d’euros par an ; réduire la réserve
parlementaire au profit des départements inférieurs à 250 000 habitants ; suppression de l’IRFM soit 64 millions d’euros ; lutte contre la fraude et l’évasion fiscales : des dizaines de milliards.
Economies budgétaires : suppression de ministères qui ne servent à rien : Ministère de la Ville, par exemple.
TB : certainement des gaspillages à éviter dans les dépenses de prestige et certains doublons dus à des décentralisations trop importantes
de missions mal évaluées et mal suivies. Mais le problème de l'équilibre budgétaire ne se résume pas à la partie dépense, il faut aussi s'occuper de la partie recettes en luttant efficacement contre la
fraude fiscale des entreprises et des plus riches (85 milliards d'euros par an) et par une politique d'emploi active, qui redonne des recettes aux régimes de protection sociale.
14) Lobbyistes et circulaires européennes : comment
assurer l’indépendance des parlementaires ?
FV : En supprimant les bureaux de lobbyistes au sein même
des institutions pour les empêcher d’être en terrain conquis.
TB : au niveau de l'Europe comme
du parlement Français, instaurer un enregistrement obligatoire des lobbyistes, et mettre en place une loi « anti-cadeau » comme cela existe pour les laboratoires pharmaceutiques par rapport aux médecins. Tout parlementaire
reconnu comme ayant accepté un cadeau ou avantage devrait être condamné pénalement et rendu inéligible. Ensuite l'indépendance réelle des parlementaires est surtout une question de volonté personnelle.
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Rémy Dauvillier
Candidat Lutte Ouvrière 1 ère circonscription du Cantal
Aurillac,
le 01/06/2017
Monsieur,
en réponse à votre questionnaire, permettez-moi de répondre
par un courrier car j’ai bien du mal à exprimer ma pensée, sur les questions qui vous préoccupent à juste titre, en cochant des cases.
Notre société
est bien peu démocratique. Nos élus le sont pour cinq, six ou neuf ans et n’ont aucun compte à rendre entre chaque élection. Sitôt élus, ils s’empressent de renier les quelques promesses qu’ils auraient
pu faire, au nom d’un prétendu réalisme qui n’est que de la soumission aux puissances de l’argent. Une affiche de Mai 68 disait « La dictature, c’est ‘Ferme ta gueule’, la démocratie, c’est
‘Cause toujours’ ». Cela se confirme élection après élection. Ces élections ne dérogeront pas à la règle, malgré la tentative de rénovation de façade opérée
par M. Macron et ses « marcheurs ».
Ceux qui dirigent réellement la société sont ceux qui ont le pouvoir économique, la grande bourgeoisie. Ils
contrôlent les grands médias nationaux, peuvent s’acheter des hommes politiques à leur service et ont des institutions conçues pour que rien ne change. D’ailleurs, les milliardaires ne sont pas élus. C’est
la loi du système capitaliste. Ils possèdent l’économie et peuvent en disposer comme ils l’entendent, sans que la population soit consultée. C’est pourquoi je pense qu’une réelle démocratie
suppose qu’on s’attaque au pouvoir de cette grande bourgeoisie.
Je milite pour la levée du secret des affaires : tout travailleur devrait pouvoir dénoncer publiquement
ce que fait son patron. Aujourd’hui, il risque de se faire licencier, voire d’être traîné devant les tribunaux. La population doit savoir ce qui se passe, où est l’argent et qui le possède, pour pouvoir décider
en connaissance de cause. Ce serait la démocratie directe.
Je suis pour que le Parlement soit élu à la proportionnelle pour que chaque opinion puisse se faire entendre.
Pour ce qui est du statut des élus, je suis pour qu’ils soient révocables à tout moment par leurs électeurs et ne touchent qu’un salaire moyen d’ouvrier.
Il est scandaleux que leur comportement et leur train de vie nous laissent entendre « Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ». Pour ma part, je suis loyal depuis trente ans au programme que je défends : le camp des travailleurs avant
toute chose. C’est le camp qu’ont défendu Arlette Laguiller et Nathalie Arthaud à sa suite.
La politique n’est pas un métier pour moi, mais des
convictions profondes. Cela ne me rapporte pas d’argent, bien au contraire. Cela ne me rapporte que la satisfaction de défendre une cause qui me semble juste.
J’ai
combattu la loi travail par la grève et dans la rue. Il est bien évident que je suis pour son abrogation. Le gouvernement veut l’aggraver dans un sens encore plus favorable au grand patronat. Malgré les reculs successifs qu’à
subi le camp des travailleurs, je reste persuadé que nous trouverons la force pour nous unir pour changer cette société injuste qui fait que celui qui veut vivre dignement de son travail n’y arrive pas et que le spéculateur
s’enrichit. Et imposer notre droit à la vie.
L’agriculture est une activité économique singulière. Elle nous nourrit et je pense que les paysans,
surtout dans nos régions, protègent l’environnement. Que serait le Cantal sans paysans ? Un désert en friche. Elle est cependant tributaire du marché capitaliste comme toute activité dans ce système. Les petits
paysans se font écraser par les banques, leurs fournisseurs et les trusts de l’agroalimentaire et de la grande distribution dont les actionnaires amassent des fortunes considérables sur leur dos, celui de leurs salariés et des consommateurs.
C’est pourquoi je milite pour un revenu minimum de 1800 euros net pour tous les travailleurs, quelque soit leur statut juridique, y compris les paysans, en prenant sur les grandes fortunes.
Il est vrai que la FNSEA est un état dans l’Etat qui protège les intérêts des « gros » de l’agriculture, véritables industriels, et bien peu les petits producteurs. Ceci dit, je laisse aux paysans
le soin de régler leurs affaires eux-mêmes et de se donner les représentants qu’ils méritent. Je respecte cependant les paysans syndiqués à la FDSEA ou aux JA et leurs combats et ne les mets pas dans le même
sac que la « machine » FNSEA sur laquelle ils ont peu de poids.
Je suis pour une protection sociale qui protège totalement le travailleur et je pense d’ailleurs
que ce serait au patronat de la financer entièrement. Ce n’est pas de l’assistanat, il s’agit de notre droit à la vie. Je suis contre l’assistanat. D’ailleurs, tous les travailleurs le sont : nous réclamons
du travail qui nous permette de vivre et non la charité. Aujourd’hui, ceux qui ont un travail sont pressurés de plus en plus alors que d’autres en sont privé. Il serait juste de répartir le travail entre tous en maintenant,
voire en augmentant les salaires. Il faudra pour cela prendre sur les profits gigantesques qui sont réalisés. Les seuls assistés dans notre société sont les grands bourgeois qui sont arrosés par mille moyens par les
subventions publiques.
D’ailleurs, les économies budgétaires qu’ont faites les différents gouvernements depuis des années n’ont eu pour
seule finalité que de transférer les sommes servant aux services utiles à la population vers les comptes en banques des actionnaires des grandes sociétés.
J’espère que ma réponse, malgré sa forme et sa longueur, aura répondu à vos interrogations et aura clarifié mon programme pour vous. Sachez qu’Anne Ducamp, sur la deuxième circonscription,
partage mon combat et mes convictions.
Cordialement,
Rémy Dauvillier