"En mai fais ce qu'il te plait"... Raté !

Sommaire

Triste nouvelle : Jean-Claude Muet n’est plus par Serge Menini.

Une nécrologie, par Bernard Bonhoure.

Du bon usage du masque en politique, par Serge Menini

De la mode à la mode... d'emploi par Jean-Paul Rommot

Lettre d'un lecteur. Michel Verniole

Début d’un feuilleton en 3 épisodes : « Histoires d’amour » 

Dernière minute Des maires refusent de rouvrir les écoles

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Adieu l'ami on t'aimait bien

Jean-Claude Muet (2ème en partant de la gauche), pour fêter les 20 ans de l'article "Le Cantal, la Corse sans les bombes"

En avril, Testu a perdu  l’un de ses rédacteurs, Jean-Claude Muet.

Je ne l’ai pas connu longtemps, Jean-Claude, juste assez pour apprécier l’homme, aimer sa liberté de ton, son style d’écriture avec ce côté parfois désuet, mais si bien couché sur le papier. Certaines phrases semblaient partir en toutes directions, avec des apartés, des parenthèses, des tours, des détours, mais à la fin elles aboutissaient toujours au cœur du sujet traité, sans qu’il n’y manque une ponctuation et sans qu’une faute d’orthographe ne vienne modifier, ni le fond, ni le sens, ni la perfection du français.

J’aimais ses analyses. Je n’étais pas toujours d’accord avec sa façon de voir. Mais je la respectais, car c’est la différence d’angle de vue, qui fait la richesse d’un média comme Testu. Pour résumer mon sentiment à ce propos, je citerai Jacques Brel dans sa chanson Le moribond : « On n’était pas du même bord, on n’était pas du même chemin, mais on cherchait le même port ».

Sacré Jean-Claude, elle n’est pas drôle ta dernière blague ! Mourir comme ça, sans prévenir.

Sans même mourir de la dernière maladie à la mode, mais mourir tout de même en pleine pandémie, nous privant de l’honneur (confinement oblige), de t’accompagner nombreux. Il faut dire que toute ta vie, tu n’as rien fait comme les autres et quand beaucoup avaient baissé les bras et rendu les armes, tu restais debout. Quelques banquiers et autres aigrefins se souviennent, sur Aurillac et ailleurs, de tes combats gagnés.

A nous tes copains, tu vas bien manquer. Adieu l’ami. Où que tu sois, continue de résister !

Serge Menini

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La Passion selon Jean-Claude Muet

Avertissement. La trame de la vie de Jean Claude Muet (jusqu’en 2010) et les différentes citations sont tirées de : La Passion selon Jean-Claude Muet

(Textes de Jean-Paul Bonhuil, relus par Bernard Coste© Gens du Veinazès, à retrouver dans la Chronique du Veinazès N° 47 - février 2014)

Pour ses 70 ans en 2018, Jean Claude invita ses amis à s'attabler en sonnant avec la clochette utilisée autrefois par ses parents à l'heure des repas. Cheminée, tableau de Josette, livres... autant de symboles du bien être pour le libraire parisien en retraite dans le Cantal

Jean Claude Muet, le facétieux ex fumeur, pour la soirée du réveillon 2020 avec son unique cigare annuel et une coquetterie capillaire

Pour Jean Claude, c’est le grand départ, celui que l’on aimerait n’avoir jamais à programmer… alors que le billet pour cet aller simple nous est réservé dès notre naissance : la mort, circonstances de sa survenue dépassées, reste un des rares domaines où le mot « égalité » a encore un sens. Jean Claude se disait en sursis mais savait surmonter le mauvais sort que lui jouait la vie. Encore et toujours, il bataillait contre un système au service de parasites prétendument serviteurs de la collectivité. 

Pour Josette, son épouse, au-delà de l’émotion et de la douleur, c’est un saut dans l’inconnu : que sera la vie sans son baroudeur facétieux de Jean Claude toujours sur le qui-vive ? Pour Guillaume, son fils qui partageait la vie de ses parents ces derniers mois, à la délivrance de ne plus voir souffrir son père s’affichera très vite la pressante obligation de faire l’inventaire d’une vie hors du commun. Très sincère soutien moral à tous les deux.

Dopé à la drogue la plus dure qui soit, la soif de liberté, ce fils et petit fils de boulanger des beaux quartiers parisiens sentit, dès l’enfance, le besoin de se forger une vraie vie, la sienne. Si parents et enseignants avaient cherché à le garder sur le droit chemin, en le plaçant en pension à douze ans, loin de mieux le cadrer, ils firent naître en lui l’impérieuse nécessité de trouver des moyens de s’évader. Bon élève mais allergique aux règlements liberticides du collège, il imagina deux voies pour vivre intérieurement et en pleine nature : la lecture et le scoutisme. Découverte de Marx en 4ème, Bac philo en étant surveillant dans un collège à l’anglaise pour finir ses études.

Service militaire chez les parachutistes. Grave accident qui faillit lui couter une jambe que les médecins voulaient amputer. Multiples opérations. Retour à la vie civile, un groupe de libraires lui confia une boutique, il n’avait alors que 22 ans.

Les lectures de l’enfance et de l’adolescence avaient stimulé une curiosité à satisfaire. Escapade de quelques mois au Brésil, en Argentine, au Chili et au Pérou. L’aventure laissa des traces et après une récidive d’un mois et demi au Canada, retour définitif dans la France des petits boulots ruraux. Cueillette des fraises, des cerises, castration du maïs… avant une réorientation tout à fait inattendue : formation de garde chasse couronnée par un diplôme qui offrit à Jean Claude multiples occasions de fréquenter les chasses privées jusqu’au jour où un baron le prit pour un pigeon, rôle qu’il refusa de jouer sur le champ. Contrairement aux apparences, il n’avait pas perdu son temps : les ayant approchés quand ils se croyaient à l’abri des regards indiscrets, les gens de la « Haute société » avaient perdu, à ses yeux, une bonne part de leur prestance et toute sa vie durant il multiplia les occasions de s’amuser de leurs travers. 

Pitrerie cynégétique terminée, C.A.P. de CVL (Commis Vendeur en Librairie) en poche, démarrage effectif d’une véritable carrière de libraire,  dans le quartier de la Butte aux Cailles… où son arrière grand père avait été boulanger pendant la Commune en 1871. Petit  par la taille de sa boutique, 13 m2 sur trois niveaux, Jean Claude Muet prit très vite de l’envergure y compris nationalement : il devint Président de l’Union Syndicale des Libraires de France (un millier d’adhérents) et engagea avec Jack Lang, la bataille, victorieuse, pour le prix unique du livre obtenu en 1981.

Il n’y avait cependant pas que les livres dans la vie. En 1975, mariage avec Josette aux attaches cantaliennes fortes d’où le projet, concrétisé rapidement, de s’installer en Chataigneraie. Faute à pas de chance, un accident de la circulation bouleversa les plans sans les stopper complètement. En 1984, Josette ouvrit une boutique rue des forgerons à Aurillac, alors que Jean Claude faisait prospérer une librairie à deux pas de la Tout Eiffel. Paris/Aurillac et retour par le train de nuit, Jean Claude alimenta Josette en bouquins tous les weekends. Deux ans à ce rythme, puis achat de la « Petite Librairie » derrière l’Hôtel de ville à Aurillac.

« Celui qui ne gueule pas la vérité quand il la connaît se fait le complice des menteurs et des faussaires » Charles PEGUY

Jean-Claude Muet le militant. Tout projet éolien à la française (cout faramineux au profit de quelques propriétaires dans l'opacité totale) lui donnait des fourmis dans les jambes, pourtant en mauvais état

L’accueil des cantalous sur le terrain n’ayant qu’un lointain rapport avec les beaux discours, plusieurs épisodes chaotiques pimentèrent l’approche de l’épanouissement professionnel de Jean Claude Muet qui régénéra une capacité combattante jamais démentie.

12% des suffrages aux Cantonales de Montsalvy en 1992 ;  implication déterminante au comité de vigilance contre l’installation d’une décharge de déchets radioactifs ; élection au conseil municipal de Ladinhac en 1995 et participation à la vie citoyenne de la Chataigneraie.

En 2000, retour à Paris, relance d’une librairie, le Jardin d’Epicure, et animations de banquets littéraires, rendez-vous d’auteurs et de personnalités politiques de premier rang. Jean Claude Muet était véritablement devenu ce qu’il rêvait d’être depuis l’enfance, un libraire en mission au service du livre.

Il venait d’être facilement élu adjoint à Ladinhac quand, en 2010, un cancer pointa le bout de sa tumeur pour ne plus le quitter jusqu’à ses derniers jours.

2010/2020 : si la chimio, les examens, les séjours au CMC ou à l’Hôpital, les douleurs aux articulations l’obligèrent à décaler certains rendez-vous, sa force de caractère lui permit de jouer le rôle d’animateur rural, d’envoyé spécial de Testu, de militant anti éolien à la française, de citoyen averti dans d’innombrables réunions publiques… Partout sa liberté de ton et son sens de l’observation firent des ravages : une réunion avec ou sans Jean Claude Muet pouvait changer du tout au tout. Bien évidemment il ne fit jamais l’unanimité qu’il voyait comme un poison dans ces réunions où des élus municipaux, en échange d’un titre de conseillers communautaires, se laissaient mener par le bout du nez tels des moutons de Panurge… Panurge prenant régulièrement les traits d’un candidat à un poste de parlementaire…

Vide immense, cependant rempli par un vécu partagé qui participe à la richesse du quotidien.

Merci Jean-Claude et Josette.

B.B.

De gauche à droite, Jean Claude Muet, Thierry Desjardins (auteur du "Cantal, la Corse sans les bombes) et Jean-Paul Bonhuil (artiste créateur du trophée) lors de la remise du grand prix de l'éphémère Académie Gerbert... voulue par Jean-Claude Muet pour rendre hommage à un "bienfaiteur" du Cantal

La zone d'inactivité de La feuillade. Le type même de projet surdimensionné et électoraliste à donner de l'urticaire au citoyen Muet, comptable de l'utilisation de l'argent public

Une parole de Jean Claude Muet pour mieux appréhender son allergie profonde à l’injustice :  

« Rien à faire, je ne saurai jamais admettre qu’une bande organisée puisse user, sans impunité, d’un permis de détruire tous ceux qui passent à sa portée. »

En rentrant d’une séance de chimio au « Velcade », signe de capacité à conserver la tête froide et un jugement parfois décalé, il traduisit son ressenti en quelques lignes.

VELCADE PARTIE.

« Peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.

Dans la stalle affectée où se prend le breuvage,

L’amertume du produit qui pourrait être local

Rappelle la liqueur de racines de gentiane ;

Les mines sont tristes et l’humeur inégale.

Quant à moi, à l’instar du malicieux Voltaire, je déclare :

J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé.

Il faut s’en convaincre, tout ne va donc pas si mal :

Ce pourrait être encore bien pire.

Les professionnels ne savent quoi penser et les patients,

Affaissés, qui subissent leur mal ne savent pas l’expliquer :

J’ai mal nulle part, Docteur, sauf quand j’appuie…

Le rire est communicateur, songeons mais un instant seulement,

A ses effets dévastateurs sur les malheureux ignorants. »

 J.C M.

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Du bon usage des masques en politique

 

Après celle du panda, la Chine a inventé la diplomatie du masque. Jamais à cours d’idées, nous inaugurons la politique du masque. On a vu dans les journaux, le président départemental Bruno Faure, distribuer des masques de protection aux associations d’aide. Ici secondé de madame Delrieu, là accompagné de monsieur Marleix. Ce dernier jouant même les vedettes en cavalier seul, se montrant en train « d’offrir » (sic) 1000 masques à la clinique du souffle, qui « pourrait » (notez le conditionnel), en manquer. Et de préciser que ce grand geste lui est permis grâce à son intervention personnelle auprès du président de Région Laurent magnificat Wauquiez… Offrir ? Avec son propre argent ? Ah le grand homme ! Et quel courage, il est d’ailleurs le seul sur la photo, à ne pas en porter, de masque…

 

Pourquoi payons-nous des impôts ? Cela commence quand même à bien faire tous ces élans de générosité avec l’argent des autres ! Idem pour  ces « grands gestes » dus au simple « fait du prince ». Le peuple n’attend pas la charité, mais l’application du simple adage « gouverner c’est prévoir ». Ou bien alors, donnons aux assistés qui règnent sur nos destins et nous mentent si bien, le droit de cuissage, mais aussi le droit de haute et basse justice, avec fourches patibulaires, échafauds, estrapades et bûchers. Peut-être cela leur redonnerait-il une certaine noblesse, depuis longtemps perdue. Bon, à leur décharge, il faut dire que les occasions de se montrer sont rare aujourd’hui…

Il y a masques et masques !

De gauche à droite J.P. Fel (qui ne se représentait pas mais en fonction) masque FFP2 périmé, A. Bonhomme (maire élu, mais pas installé) masque chirugical distribué par la Comcom, D. Bru (maire sortant pas encore réélu, mais en fonction) masque fabrication maison

Pressés par leur population qui ne voit rien venir malgré les promesses régionales et départementales, les maires des onze communes de Cère et Goul, ont souhaité eux aussi commander de ces masques salvateurs et ont approché le département et son fournisseur, une entreprise de Montluçon…

En examinant la fiche produit, Jean-Pierre Fel, maire de Thiézac, a constaté la fabrication hors union européenne des fameux accessoires… Ce qui en ces temps de rapatriement économique lui a semblé faire un peu « désordre ». Il a donc alerté ses collègues qui, à l’unanimité, ont décidés de s’approvisionner auprès d’une entreprise aurillacoise (Abeil). Les 5000 habitants de la petite communauté de communes, bénéficieront donc de protections réutilisables, made in Cantal. Bien entendu, cela a un coût supérieur aux fabrications «hors U.E.»

Mais quand on aime, on compte moins.

Serge Menini

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De la mode au mode d'emploi... complot

Les masques fabriqués hors UE ou à Aurillac, risquent fort de devenir tendance, et pourquoi pas facteur de différenciation sociale, comme les baskets, les tee-shirts, les blousons et autres vêtements siglés hors de prix qu’il faut porter, sauf à rester démodé. Ils pourraient même réconcilier les laïques, avec le port du voile dans l’espace public. Quant aux serrages de mains, bises et autres accolades, tout rapprochement social de ce type pouvant amener la mort, sera mis au rebut des signes de convivialité dont on a l’habitude.

Décidément, ce virus amène de grands changements et modifie les bases de la société occidentale, hors le capitalisme, qui se concentre et se renforce. Les géants numériques tirent allègrement leur épingle de ce jeu de dupes. C’est pitié de voir aujourd'hui les petites librairies, les magasins de détail et de bricolage fermés, alors que le trafic marchand continue de croître et de progresser. On trouve tout sur internet, magasin géant ouvert 24/24, 7/7, jamais confiné.

Internet où s’expriment les 66 millions de virologues experts qui peuplent la France. Mais aussi les grands penseurs de la théorie non pas du, mais des complots. J’ai même reçu des alertes provenant de malheureux, persuadés que les satanistes à la manœuvre, sont en train d’arriver à leurs fins.

Quand (avec la crise économique qui se profile), les superstitions, les dogmes envahissent l’espace public, le fascisme n’est jamais loin. Les guerres avec bombes, munitions et sous munitions, pourraient bien constituer les prochaines étapes de notre vécu.

D’autant qu’ici ou là, s’agitent de plus en plus de « sauveurs suprêmes », persuadés de détenir LA vérité. Or, les sauveurs suprêmes sont de deux ordres : Ceux, rares, qui finissent sur des croix et ceux, plus nombreux, qui y clouent les autres.

Il faut dire que dans les médias, la parole convoquée ressemble plus à un traité d'astrologie qu'à un rapport scientifique et la politique du gouvernement à une succession de grands écarts, de volte face et d'annonces infantilisantes propres à ne pas rassurer.

Au nom de la sécurité sanitaire (après la sécurité anti-terroristes), pleins de gens semblent accepter de renoncer à des libertés qui aujourd’hui vont de soi, pour tous, mais dont la majorité de ceux qui en profitent n’ont jamais eu à combattre pour les conquérir.

Alors, on va bientôt se faire tracer, pour savoir si l’on croise les modernes lépreux et leur crécelle virtuelle. La prochaine étape sera-t-elle aux bûchers géants, pour brûler sorcières et autres déviants. Le siècle s’annonce plein de promesses, de rebondissements, de coups de théâtre.

Mais après tout, c’est ça la vie !

Jean-Paul Rommot

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Un lecteur nous écrit, on en profite.

Un petit virus

Marc André Sélosse (cf. son CV sur Internet) dans son livre « Jamais seul : Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations », Edition Actes Sud juin 2017, écrit : « Les microbes représentent plusieurs groupes d’organismes microscopiques.
Champignons, levures, bactéries, protozoaires et encore plus petits, les virus qui –eux- n’ont pas de cellules mais empruntent celles des autres pour se multiplier.
Un individu de taille moyenne possède 10.000 milliards de bactéries dans son intestin et 1.000 milliards sur la peau. On connaît plus de 10.000 espèces de microbes capables d’habiter notre corps.
Les microbes représentent 60% du volume de nos selles (100 milliards de bactéries par gramme).
On n’évite pas les pathogènes en tuant tous les microbes. Les invités de notre microbiote (nos microbes) totalisent 100 fois plus de gènes que notre propre génome.

Un seul gramme de sol héberge plus d’un milliard de cellules bactériennes issues de plus de 1 million d’espèces différentes. M-A Selosse ne donne pas de chiffre sur le sol traité aux bactéricides, fongicides, herbicides. Il faut noter que les microbes les plus utiles sont souvent les plus détruits. »

Sa conclusion s’ouvre sur une question: « Le monde visible n’est-il que l’écume des interactions microbiennes ? »

Jean-François Guégan, IRD, écologue, épidémiologiste (cf. son CV sur Internet) n’est pas surpris par l’apparition du COVID 19 et ses ravages à l’échelle planétaire. « Le passage des germes infectieux de l’animal à l’homme a toujours existé. Le phénomène n’est pas nouveau mais connaît une très forte accélération. Les 7,7 milliards d’habitants sur la terre ont des besoins croissants de nourriture.
Les écosystèmes naturels sont de plus en plus altérés. Il y a quelque chose de grotesque à pointer du  doigt telle ou telle espèce animale au prétexte qu’elle transporte des agents infectieux. Le vrai coupable c’est l’homme. Cela fait 20 ou 30 ans que nous alertons sur ces risques sans être entendus.

Le développement des grandes métropoles (Brésil, Nigéria…) s’est fait au détriment de la biodiversité. Les zones d’élevages et d’agricultures intensifs favorisent la diffusion des microbes. On est en train de construire des réacteurs à nouvelles infections.
D’autres virus ou bactéries sont beaucoup plus létaux comme NIPAH qui tuent 72 individus sur 100. »

Je restitue les passages cités plus haut à la virgule près. Ils m’inspirent la réflexion suivante : si rien n’est changé en amont sur la manière  de se déplacer et de se nourrir, combien faudra-t-il de variétés de vaccins et de masques ?       

Michel Verniole

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Et maintenant un feuilleton en 3 épisodes

Histoires d'amour (1/3)

Actualités régionales, 20 mars 1967.

Les obsèques d’Elizabeth Marchand, fille de feu Ernest Bélanger, fondateur des Filatures Bélanger, ont eu lieu hier à la cathédrale Notre-Dame-des-Monts. Son mari, Bernard Marchand, et ses frères, l’abbé André, qui célébra la cérémonie religieuse, et Jacques Bélanger, qui a repris l’entreprise familiale, lui ont adressé un ultime adieu devant une foule nombreuse venue présenter ses respects […] Disparue à 27 ans à peine, Elizabeth Marchand est l’une des victimes du drame du 10 mars, quand un car de touristes français a été emporté par la crue soudaine de l’oued du Siq, près de Petra.

19 mars 1967. Cimetière

On enterre Elizabeth, et Bernard n’en revient pas de sa chance. Dans le quartier chic du cimetière, parmi les ossements précieusement enchâssés de l’élite bourgeoise de la ville,  la main de sa petite fille dans la sienne, il se sent soudain transporté d’allégresse. Il lève les yeux vers le ciel, bleu et léger comme un matin de printemps. Sa saison préférée. Elizabeth, elle, aimait l’automne, la porte que l’on referme sur l’anarchie estivale. Elle serait mortifiée de cette attention vulgaire, de tous ces gens qui les avaient suivis jusqu’au caveau ancestral des Bélanger. Dignité et discrétion, toujours. Bonnes œuvres aussi, tous les dimanches à la messe, le frérot curé et futur évêque.

On prie. Un oiseau lance une vocalise. L’été, en revanche, ce serait plutôt la saison de Michelle. Michelle qui rit dans le soleil. Ni très futée, ni même très jolie, mais un don remarquable pour la galipette sous la feuille. Il n’aurait jamais rencontrée cette perle si elle n’avait pas raté son bac trois fois, puis été casée provisoirement comme secrétaire dans la société par, dit-on, le notaire Letuiller son papa.

Le cercueil commence sa descente. On se tait. Le raclement contre la pierre, la pétarade d’un camion qui attaque la côte derrière le mur. Chacun contemple sa mortalité. Bernard voit sa femme disparaître dans l’obscurité du tombeau. Il imagine les cadavres poussiéreux qui l’attendent à l’intérieur. Combien de Bélanger là-dedans ? Anne-Marie, effarée par le silence, se colle contre ses jambes et se met à pleurer.  André courbe un peu plus l’échine, Jacques se raidit. Bernard prend la petite dans ses bras, la console. Murmures apitoyés dans l’assistance.

La famille Bélanger, sans le consulter naturellement, a choisi de recevoir les condoléances au cimetière. Alignement des proches. Bernard confie sa fille en larmes à Odile, la bonne promue nounou par Elizabeth avant son départ. Il prend sa place sans rien dire entre l’abbé et l’industriel. André se recueille pour l’ignorer catholiquement. Jacques lui jette un regard glacial (l’hiver ?... tant qu’à faire de distribuer les saisons), puis se détourne. C’est chez lui qu’Elizabeth s’est précipitée lorsqu’elle a appris l’existence de Michelle et leurs escapades dans les collines, en sous-bois, sur la mousse. Cinq-à-sept champêtres, l’avantage de vivre en province. Plus tard, dans de petits hôtels à la faveur d’un voyage d’affaires. A quelle âme charitable, commère de bureau doit-il la révélation de son infidélité ? Ou serait-ce à Michelle elle-même, après s’être aperçue qu’elle était enceinte ?  La possibilité d’une telle trahison, pourtant évidente, ne lui vient à l’esprit qu’aujourd’hui.

- Toutes mes condoléances…

- Mes sincères condoléances…

- Toutes nos condoléances…

Oui, cette histoire de gamin a peut-être bien précipité les choses. Michelle a pourtant été évacuée dare-dare par ses parents vers une pension parisienne huppée pour jeunes filles en situation intéressante. Soulagement, certes, mais quelques regrets, s’il est honnête avec lui-même. Et quand Elizabeth a décampé à son tour... Maintenant, à jamais morne plaine, un appartement vide et silencieux, auquel il sera quotidiennement confronté à la détresse d’Anne-Marie,  une fois qu’elle aura compris que maman ne reviendrait pas. Pour un peu, il étoufferait un sanglot.

- Je vous présente mes plus sincères condoléances. Elizabeth, comme vous le savez, était une amie très chère. Je la regretterai beaucoup.

Jamais vue, celle-là.

- Toutes nos condoléances…

Le boucher, l’épicière, le comptable du boulot, une ancienne camarade de lycée, la prof de chimie de la prépa… Gentil à elle de se souvenir. Elizabeth adorait ses cours. C’est là qu’ils se sont rencontrés. Elizabeth était bien meilleure élève que lui, mais, dans l’insouciance de leurs premières années de mariage et avec l’arrivée d’Anne-Marie, elle a fini par se contenter d’un poste de prof. Ensevelie sous les copies à corriger commises par des adolescents qui n’en avaient que foutre, elle a amèrement regretté son choix. Chaque soir, il dînait face à un visage de bois. Les weekends n’en finissaient pas. Peut-être qu’elle aurait dû les prendre plus tôt, ces fameuses vacances en solo ! Personne ne l’empêchait de le faire, surtout pas lui. Non, elle a attendu que tout ait pété pour aller faire du tourisme culturel, avec la promesse rageuse d’un divorce à son retour. « Jacques s’occupera de tout ». Pauvre Jacques, désormais privé de la satisfaction de le ruiner.

A suivre…

11. mai, 2020

13. mai, 2020

Déconfinement : Appliques et tais toi !

Suite à la réception du protocole de réouverture des écoles (54 pages), les maires placés en première ligne, s’arrachent les cheveux pour tenter de l’appliquer, sans mettre en danger les populations dont ils sont responsables. A Coren, et dans d’autres communes, alentours, l’école n’a pas ouvert ce lundi. Patricia Rochès, maire écrit : « Je refuse de mentir à ma population, ce protocole est inapplicable. Je refuse de promettre des choses que je ne pourrais pas tenir et de mettre la pression sur les agents communaux et les enseignants qui sont des personnes très impliquées. Cela n’est pas digne. Je refuse surtout, de risquer de mettre en danger la population et la communauté éducative dont j’ai la responsabilité». Considérant la contagiosité du virus COVID 19 et aussi que Saint-Flour est l’un de ses principaux foyers actuels dans le département, la mairie a donc pris un arrêté dans ce sens

Baptiste Servans rend hommage à Jean-Claude Muet

C'est avec stupeur et grande tristesse que nous avons appris le décès de notre ami Jean Claude Muet.
La mort t'a emporté, toi qui aimais tellement la vie.
Nous savions que tu luttais depuis longtemps mais nous pensions que tu arriverais à vaincre la maladie, comme tu as vaincu de nombreuses injustices.
Au nom de nos nombreux amis, nous venons te remercier et dire notre tristesse.
Jean Claude, on savait qu'on pouvait toujours compter sur toi, que ce soit pour un renseignement ou nous corriger une lettre, tu étais toujours là, serviable et jamais à court de volonté
Merci pour cette générosité sans limite
Pour tous, Jean Claude était l'assurance d'une oreille à l’écoute. Tu prenais le temps de nous expliquer. Tu resteras celui qui avait de l'énergie à revendre, électrique et spontané avec toujours la même volonté, celle d'aller de l'avant. Tu sacrifiais ton temps libre pour aller voir ceux que tu aimais en emportant avec toi cette joie de vivre.
Tu aimais donner de la voix pour nous faire rire ou crier ta colère sur les injustices qu'on veut nous soumettre. Tu aimais nous rassembler sous ton toit comme le vacher rassemble son troupeau.
Tu nous as entraînés de nombreuses années, pour la défense de nos intérêts et du bien public. Toujours partant, quitte à faire plusieurs dizaines de kilomètres pour la défense des causes justes. Que de temps donné sans compter. Tu étais un de ces militants de la première heure, entièrement engagé, Avec toi pas de demi- mesure. Tu étais entier, franc, sans langue de bois. Tu osais dire ce qui dérange, à toute autorité supérieure. Là où tu siégeais en tant qu'élu, tu ne t'es pas économisé, faisant entendre ta façon de penser, pour plus de justice.
Soit certain Jean Claude que nous continuerons d'être rassemblés à ta cause.
Aujourd'hui c'est la dernière fois que tu nous réunis. Nous pensons à ta famille et tes amis que tu laisses.
Qu'ils s'imprègnent de ton courage et de ta force pour aller dans le chemin de la vie.
Merci d'avoir été celui que tu as été, nous ne pouvons hélas que redire, l'immensité de notre amitié pour toi

G. Jovené 15.05.2020 16:12

Je suis bien triste d'apprendre la disparition de Jean Claude Muet qui fut aussi mon informateur facétieux et épisodique au Canard enchaîné.

L'idiot 14.05.2020 07:01

"Ami si tu tombes un autre ami sort de l'ombre à ta place" (chant des partisans).
Adieu J.C. M. Continuons de résister et Testu d'informer !

Commentaires

20.07 | 23:56

Du bon boulot de journaliste. J'applaudis des 2 mains ! Et j'en redemande.

26.03 | 18:58

Tellement vrai, bien vu. Merci

10.03 | 15:54

Heureusement il y a aussi une majorité de bonnes volontés même si notr...

09.03 | 12:23

Je découvre votre site, bravo j'arrive de la banlieue Parisienne, installé de...